jeudi 11 août 2011

MERCURE


"Parmi les lettres bouleversantes qui nous parviennent des auditeurs de nos émissions, je veux en citer une. Elle provient d'une jeune bretonne qui, dit-elle, se sent environnée de forces qu'elle ne peut définir. On sent, dans sa lettre, une gêne et une pudeur qui se changent en ironie vis à vis d'elle -même et de son vocabulaire. " Ainsi, dit-elle, une voix s'est fait entendre à moi voici quelques temps et m'a dit :" Élisabeth doit s'occuper du mercure".
Il y a chez nous, commente t - elle un livre parlant d'alchimie. Je l'ai consulté, mais il ne m'a pas apporté grand chose d'éclairant.

Et voilà qu' à votre émission sur les nouveaux alchimistes, j'apprends que le mercure, c'est l'énergie psychique!
ça change tout !"
Etienne PERROT
extrait cahier 3. 1979

15 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,

Quelques instants avant de lire ce nouveau billet je consultais Wikipedia à propos du bouddhisme zen, ce qui, bien sûr, m’a conduit de l’Inde au Japon.
J’ai donc eu la surprise de découvrir ici, quelques minutes plus tard, ce disque rouge sur fond blanc qui est aussi le drapeau du Japon, pays autrefois nommé ‘Empire du soleil levant’.
Comment ne pas songer à l’ouvrage d’Étienne Perrot intitulé « L’AURORE OCCIDENTALE – Libres méditations sur LE LEVER DE L’AURORE *» dont le prologue évoque l’Extrême Occident : « .......Tout voyage vers l’ouest est un pèlerinage de Compostelle. C’est sans doute le sentiment qui habitait obscurément Pierre en ce dernier jour d’août. À la veille de regagner Paris, le désir l’avait pris, dans son petit port breton, de pousser plus loin encore et d’aller voir à la pointe du Van le soleil s’abîmer dans les eaux. Ce cap est, à ce niveau, l'un des deux éperons rocheux terminant à l'ouest la Cornouaille. L'autre est la pointe du Raz, à quelques kilomètres au sud. La baie des Trépassés les sépare. Les morts s'y embarquaient pour l'au-delà et, il y a quelques années encore, les fermiers de la vallée se recueillaient au soir de la Toussaint pour écouter, dans le vent, les pas des défunts en route vers le Passeur des morts. C'est aussi l'un des sites d'Ys, la ville engloutie. Au large, tel un radeau, l'île de Sein. On voit en elle l'île des prêtresses du soleil mentionnée par un ancien géographe. Mais elles n'ont pas laissé de traces. Comme le peuple dont elles étaient les filles, elles ont épousé le temps, sachant que l'éternité a pour lieu l'invisible discerné dans le présent, que la grandeur de l'homme est de savoir mourir et s'effacer et qu'ainsi son âme rejoint et anime les éléments, manifestation mouvante de ce qui demeure, car « seul ce qui passe est ce qui dure »............ »

Lorsque le feu et l’eau s’épousent, n’évoquent-ils pas pour chacun d’entre nous la naissance de cette eau ignée, de ce feu aqueux qu’est l’énergie psychique ?
Mercure : mer-cure, cure marine, thalasso-thérapie... bienfaits retirés de la fréquentation de nos profondeurs marines, de nos eaux mystérieuses, au fil des rêves et des méditations.

Amezeg

* Éditions La Fontaine de Pierre

CPatricia a dit…

J'ai moi même été saisie par l'image .....une fois réalisée :-), je pourrais dire : inondée, enflammée dans ce billet écrit à l'aube .
Super ! cette allusion à "Aurore occidentale" dont voici un autre extrait:

"Le texte décrit ensuite la façon dont se fait le passage de la nuit au jour:"il rend blanche toute chose noire et rouge toute chose blanche car l'eau blanchit et le feu illumine."

D'abord le lavage et ensuite l'échauffement.

Mais nous savons que les lavages hermétiques se font avec le feu. Nous reconnaitrons l'unique agent, le MERCURE , qui n'est autre que l'Esprit dont parle notre texte.

On comprend dès lors la portée alchimique de la description donnée par St Jean de la Croix de la purification de l'âme:
Lorsqu'on applique, dit-il en substance, le feu à un morceau de bois, celui-ci commence par noircir.
Puis la chaleur augmentant, la nature du bois se rapproche de plus en plus de celle du feu, et, à la fin, il acquiert la chaleur et l'éclat de celui-ci"

Nous retrouvons une desciption toute proche de celle-là dans le texte de Senior cité ici:" Il brille dans la couleur semblable à un rubis à cause de son âme qui teint, acquise par la vertu du feu. C'est pourquoi le feu est dit teinturier".

Le rubis, symbole de la pierre au rouge, est conçu comme faisant voir son âme qui est la couleur rouge.
Cette âme rouge est dynamique, elle désire ardemment propager sa nature ignée. elle provient elle-même de l'application du feu.
Le feu est donc ce qui a donné à la pierre le froid et une fixité qui est le point départ de la propagation.

Dès le début de l'alchimie occidentale, l'art hermétique est l'art des teintures pourpres, des couleurs royales"

CPatricia a dit…

L'aurore s'allume
de Victor HUGO


L'aurore s'allume ;
L'ombre épaisse fuit ;
Le rêve et la brume
Vont où va la nuit ;
Paupières et roses
S'ouvrent demi-closes ;
Du réveil des choses
On entend le bruit.

Tout chante et murmure,
Tout parle à la fois,
Fumée et verdure,
Les nids et les toits ;
Le vent parle aux chênes,
L'eau parle aux fontaines ;
Toutes les haleines
Deviennent des voix !

Tout reprend son âme,
L'enfant son hochet,
Le foyer sa flamme,
Le luth son archet ;
Folie ou démence,
Dans le monde immense,
Chacun. recommence
Ce qu'il ébauchait.

Qu'on pense ou qu'on aime,
Sans cesse agité,
Vers un but suprême,
Tout vole emporté ;
L'esquif cherche un môle,
L'abeille un vieux saule,
La boussole un pôle,
Moi la vérité !

II

Vérité profonde !
Granit éprouvé
Qu'au fond de toute onde
Mon ancre a trouvé !
De ce monde sombre,
Où passent dans l'ombre
Des songes sans nombre,
Plafond et pavé !

Vérité, beau fleuve
Que rien ne tarit !
Source où tout s'abreuve,
Tige où tout fleurit !
Lampe que Dieu pose
Près de toute cause !
Clarté que la chose
Envoie à l'esprit !

Arbre à rude écorce,
Chêne au vaste front,
Que selon sa force
L'homme ploie ou rompt,
D'où l'ombre s'épanche ;
Où chacun se penche,
L'un sur une branche,
L'autre sur le tronc !

Mont d'où tout ruisselle !
Gouffre où tout s'en va !
Sublime étincelle
Que fait Jéhova !
Rayon qu'on blasphème !
Oeil calme et suprême
Qu'au front de Dieu même
L'homme un jour creva !

III

Ô Terre ! ô merveilles
Dont l'éclat joyeux
Emplit nos oreilles,
Eblouit nos yeux !
Bords où meurt la vague,
Bois qu'un souffle élague,
De l'horizon vague
Plis mystérieux !

Azur dont se voile
L'eau du gouffre amer,
Quand, laissant ma voile
Fuir au gré de l'air,
Penché sur la lame,
J'écoute avec l'âme
Cet épithalame
Que chante la mer !

Azur non moins tendre
Du ciel qui sourit
Quand, tâchant d'entendre
Je cherche, ô nature,
Ce que dit l'esprit,
La parole obscure
Que le vent murmure,
Que l'étoile écrit !

Création pure !
Etre universel !
Océan, ceinture
De tout sous le ciel !
Astres que fait naître
Le souffle du maître,
Fleurs où Dieu peut-être
Cueille quelque miel !

Ô champs ! ô feuillages !
Monde fraternel !
Clocher des villages
Humble et solennel !
Mont qui portes l'aire !
Aube fraîche et claire,
Sourire éphémère
De l'astre éternel !

N'êtes-vous qu'un livre,
Sans fin ni milieu,
Où chacun pour vivre
Cherche à lire un peu !
Phrase si profonde
Qu'en vain on la sonde !
L'oeil y voit un monde,
L'âme y trouve un Dieu !

Beau livre qu'achèvent
Les coeurs ingénus ;
Où les penseurs rêvent
Des sens inconnus ;
Où ceux que Dieu charge
D'un front vaste et large
Ecrivent en marge :
Nous sommes venus !

Saint livre où la voile
Qui flotte en tous lieux,
Saint livre où l'étoile
Qui rayonne aux yeux,
Ne trace, ô mystère !
Qu'un nom solitaire,
Qu'un nom sur la terre,
Qu'un nom dans les cieux !

Livre salutaire
Où le cour s'emplit !
Où tout sage austère
Travaille et pâlit !
Dont le sens rebelle
Parfois se révèle !
Pythagore épèle
Et Moïse lit !

Ariaga a dit…

Quel plaisir de lire ce billet et les commentaires. L'illustration est fascinante. Merci Amie de maintenir le flambeau allumé.

Anonyme a dit…

Victor Hugo, romancier et poète « chymique »... ? La bonne poésie prend racine dans la profondeur de l’être, sans doute.
Pour le roman, Notre Dame de Paris semble évoquer une quête essentielle, au delà des péripéties romanesques ordinaires : Frollo, l’alchimiste de Notre Dame, manque l’union avec Esméralda, joyau farouche et libre qu’il ne peut contraindre, et la belle lui préfère Phoebus (le brillant) de Châteaupers. Quasimodo, homme que la nature n’a qu’imparfaitement achevé, périra suite à l’impossibilité de cette union entre l’alchimiste et sa bien-aimée, perdant ainsi la possibilité de voir transformée sa nature imparfaite ou incomplète.

L’ami Victor n’a, que je sache, jamais exploité la veine du haïku ; et j’avoue qu’il me met parfois hors d’haleine... ! :-)

Amezeg

CPatricia a dit…

Il en va d'une flambée qui éclaire et réchauffe et puis d'un feu long et continue propice à la cuisson ..par exemple .
Je ne me suis jamais lancée d'ans le decryptage des romans de Vctor HUGO , mais c'est ce qu'il est très intéressant de faire: faire de nouvelles lectures à travers de nouveaux prismes . Ce que nous avons reçu nous invite à lire comme nous lisons nos nos rêves.
Alors on découvre, des choses apparaissent......
MERCI pour votre approche de Notre Dame de Paris.

Anonyme a dit…

C'est la lecture de "L'aurore s'allume", ci-dessus, qui m'a conduit à m'interroger sur la nature de l'inspiration de Victor Hugo, à redécouvrir et à envisager d'un œil nouveau l'intrigue et les personnages de "Notre Dame de Paris". Je remarque aujourd'hui qu'Esméralda est souvent dite "l'égyptienne" dans le cours du récit : précieux joyau issu de la Terre noire d'Égypte.
Merci à vous ! :-)

Amezeg

Anonyme a dit…

C'est étrange et remarquable : lorsque j'ai posté le commentaire précédent, un mot de passe est apparu juste après sur la nouvelle page qui s'ouvrait. Un mot noté en lettres vertes: veratera ou verratera. La vraie terre.
Blogger voulait-il me confirmer que la terre noire d'Égypte est aussi la terre verte, celle de toutes les croissances nouvelles ?

Amezeg

CPatricia a dit…

la terre noire d'Égypte est aussi la terre verte, celle de toutes les croissances nouvelles ?
On est ici dans un dialogue poétique, un dialogue d'images, un dialogue de sensation ( puissance de l'influence des couleurs, et leur symbole bien sûr) un dialogue profond qui dit avec une force mystérieuse ce qu'un discours purement intellectuel pourrait très bien traduire ,mais avec ce petit quelque chose en moins :-).
A bientôt!

blogruz a dit…

Magie des codes de vérification, après le veratera vert d'Amezeg je tombe en consultant ces commentaires du premier coup sur un bessly bleu, que je suis tenté de lire Cybèle, déesse de la terre.
Quand aura-t-on le code Mercury ?

Patricyan a dit…

Si belle ....notre grande bleue !

Ariaga a dit…

Cette planète rouge alchimique est une belle introduction au "livre rouge" que Perrot aurait été si heureux d'avoir entre les mains.Amitiés.

CPatricia a dit…

OH OUI alors !!!! quelle BELLE pensée tu as eu Ariaga ! On peut imaginer sans se tromper sa joie, son émotion, son adhésion!

Ariaga a dit…

Je pense, en effet, que ce livre fait partie de cet aspect de Jung moins théoricien, plus "shamane" que Perrot aimait. en regardant le livre je pense souvent à lui, en particulier à son ouvrage: La voie de la transformation.

Ariaga a dit…

Que deviens tu ? Plus de nouveau texte, j'ai soif de Perrot ... Amitiés.