"A partir du moment où je sais que je suis relié à un centre qui me dépasse et dont j'ai appris l'intelligence et la sagesse, j'accepte avec gratitude, avec amour, ce lien. J'accepte de me dépouiller du fardeau, de mes soucis propres, de mes doutes, de mes recherches tâtonnantes du bien et de ce qui est juste, j'épouse ce qui m'est montré, ce qui m'est dit, j'y vais de tout mon cœur, que ce soit joyeux, que ce soit douloureux, je suis , pourrait-on dire, porteur dans cet acte, de toute l'énergie de l'univers puisque cette énergie qui m'anime vient du centre de moi au delà de moi, qui est comme le centre du monde. Je suis doté ainsi de la liberté qui est celle de l'unité et qui est celle du Tout. Le Tout, l'univers dans sa réalité, est libre, puisqu'il n'est limité que par lui-même. Eh bien j'épouse sa liberté. On a donc le sentiment d'une totale dépendance, qui apparaît concrètement comme une totale liberté et c'est encore, une de ces rencontres des contraires dont est faite cette œuvre intérieure."
Etienne PERROT
extrait cahier 21, 1983
6 commentaires:
Super, merci Patricia! Je vais recopier ce texte sur mon blog en indiquant ma source. La photo aussi est bien choisie.
Bonne journée!
Oui, un très beau texte, trop beau presque.
Peut-être suis-je envieux d'une pensée aussi claire, mais quand on n'est pas encore "libéré" il est difficile de juger si un tel texte reflète une réelle libération ou un talent d'écriture.
Mais peut-être le contexte apporte-t-il quelques nécessaires contradictions à cette apparente simplicité ?
lubul (mot de vérification)
"Le doute, c'est la vie alors que la vérité peut représenter la mort et la stagnation. Lorsque vous êtes dans le doute, vous avez toutes les chances de réunir les côtés sombres et lumineux de la vie." Jung, L'analyse des rêves 1, p.143
Je comprends fort bien ta pensée Rémi.
Mes amitiés
Bonjour,
Ce chemin, que l’on dit étroit comme le fil du rasoir, serpente peut-être entre doutes et certitudes, entre erreurs et vérités, dans cet espace étrange et familier d’une réalité que nous ne maîtrisons pas mais qui nous accueille, nous héberge comme des hôtes bienvenus, tant que demeure notre docilité ou notre réceptivité à cette impulsion issue du «centre au-delà des conditions.» Peut-être sommes-nous dociles et réceptifs alors que nous croyons ne plus l’être, aussi bien qu’au contraire, nous ne le sommes plus alors que nous croyons l’être encore...? Un pas à droite, un pas à gauche et...c’est le Tao...? La « libération » serait-elle comme un arbre qui croît au fil des saisons de notre quotidien et de notre existence entière. Parfois en feuilles et en fruits, et parfois dépouillé de toute production : hors sève pour l’hivernage ?
P.S. – Lorsque je dis que la libération pourrait être comme un arbre dont la croissance se poursuit au fil des saisons, y compris durant les périodes d’hivernage, je veux dire que l’essentiel est sans doute l’adhésion persévérante à cette dépendance particulière dont parle Étienne Perrot ; quelles que soient nos « écarts de conduite » momentanés, nos incapacités passagères à répondre au mieux à ce qu’elle nous propose. Ainsi, la libération serait, en somme, « la voie de la libération », sur laquelle on demeure engagé et où l’on progresse pas à pas, en franchissant au fil du temps les étapes, grandes ou moins grandes.
Ce sont vos intéressants commentaires, Blogruz et Patricia, qui m’ont conduit à méditer un peu la question. Merci à vous deux. :-)
Amezeg
La « libération » serait-elle comme un arbre qui croît au fil des saisons de notre quotidien et de notre existence entière. Parfois en feuilles et en fruits, et parfois dépouillé de toute production : hors sève pour l’hivernage ?
J'aime beaucoup cette image ,qui est d'ailleurs plus une série , des séquences : extrêmement intéressant car dans ce rythme , on ne trouve pas l'idée de "l'état" par excellence comme un piédestal qui serait l'objectif enfin atteint !
C'EST VIVANT , c'est la vie !
MERCI pour votre post riche , poétique et plein de bon sens !
BIENVENU
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