samedi 9 août 2008

LES RENCONTRES


"Q. D'après vous, la recherche de la lumière est limitée au support du rêve. Il me semble qu'avec un minimum de sensibilité on pourrait poursuivre cette recherche, en dehors du support du rêve, à travers des rencontres, avec la communion qu'on peut avoir avec d'autres personnes. Qu'en pensez-vous ?

E.P. C'est une bonne question.Le problème, c'est toujours le niveau de la communion. Cette voie que je vous montre nous fournit la possibilité d'un approfondissement qui va au-delà de l'amitié, de l'affectivité de l'individu. Dans une rencontre , bien sûr qu'il y a la dialectique, l'échange affectif, mais qui rencontre qui ? Qui est-ce que je rencontre ? Je rencontre quelqu'un qui me fait une très forte impression, mais en quoi ? Qu'est-ce que ça a touché en moi ? Le rêve vient souvent ( et là je vous parle d'expérience) nous éclairer là-dessus.

Je vous citerai un exemple très récent. J'ai un élève originaire d'un pays lointain. Il est venu en France faire des études auprès de nous. Il a lu des livres qe nous avons publiés et il souhaitait beaucoup recevoir l'enseignement du personnage important qu'est votre serviteur. Eh bien, les rêves sont venus lui montrer qu'il était là en train de s'aliéner entre les mains, ou la parole sentie comme trop éloquente, d'un maître ou d'un père, et que son problème était d'abord de chercher à être lui-même. Pour cela il devait, non pas demander un enseignement magistral gratifiant, comme on dit , mais entrer dans un dialogue beaucoup plus difficile, beaucoup moins flatteur, avec une femme. Il y a consenti de mauvaise grâce , mais c'était la seule attitude féconde.

Nous sommes rendus par cette voie extrèmement vigilants et très difficiles dans nos relations.
J'aime beaucoup les rencontres, et je me laisse facilement entraîner par l'amitié, par l'élan, etc. mais après, j'ai des retours assez redoutables. On me dit( de l'intérieur) : "Attention, tu es en train de te laisser prendre, de fondre, de fusionner, comme on dit", ou, au contraire: "Il y a là quelqu'un que tu méprises , que tu sousestimes. Attention, accorde-lui beaucoup plus d'importance !" la rectification se fait par un rêve qui vient me montrer ce qui, en moi, est touché par la rencontre. C'est faire, en somme, la radiographie de la rencontre et me dire : "Voilà ce qu'est pour toi, en réalité, sous toutes ses apparences flatteuses, ou désagréables, l'individu que tu as rencontré.

Vous me permettrez maintenant de passer à un autre aspect de ce que je viens de vous dire : c'est que la réalité qui a éclos ainsi, cette autonomie, cette liberté obtenue par l'étude de la discrimination permise par le rêve, est source de communion plus profonde. Jung disait : "On ne fait pas l'individuation ( c'est à dire ce travail intérieur) au sommet de l'Everest; l'âme vit de relations humaines." Nous sommes des individus qui tentons de parvenir à l'autonomie, mais nous savons fort bien que cette autonomie n'est pas un isolement; ce n'est pas une superbe indifférence ou une supériorité; c'est au contraire, la libération d'une source d'énergie qui demande à se déployer et à devenir un élément d'échange, de communion.
Notre liberté est une indépendance dans l'interdépendance.
Suivant la formule de Nietzsche que je vous ai citée tout à l'heure, nous sommes libres dans une nécessité toute remplie d'amour. Cette nécessité, cette dépendance, nous ne la ressentons pas uniquement par rapport aux conditions de la vie, aux conditions du monde, aux conditions de la cité, mais par rapport à notre entourage, par rapport à nos proches."

Etienne PERROT
extrait cahier 21, 1983

5 commentaires:

Anonyme a dit…

L'indépendance dans l'interdépendance, ce pourrait être une devise pour la vie. Il est vraiment formidable cet Etienne Perrot. Bises.

CPatricia a dit…

LIBERTE.
bises
Patricia

Anonyme a dit…

Il est évident que la voie de l'individuation necessite un minimum d'intimité que nous n'avons pas sur le net ou les grandes oreilles des big brothers are watching you !et elle ne se fait pas non plus sur l'Everest bien qu'il n'y a pas si longtemps il y avait du beau et beaucoup de monde la-haut, même qu'il y avait une flamme!
Sur la photo, j'ai l'impression que nous avons 2 pélicans dos à dos, on dirait un caducée formé de 2 Ouroboros.Savez vous, Patricia de quel monument ou édifice il provient?
Bises à vous deux et aux autres aussi , surtout aux filles !

CPatricia a dit…

Belle image qu'une flamme sur le plus haut sommet de la terre , chatouillant les nuages !
Concernant l'image ( toutes les photos de ce blog sont les miennes , il s'agit d'une photo que j'ai prise dans les Pyrénées Atlantiques dans le village "Hôpital Saint Blaise" où se touve une très belle église de XIIème, autrefois lieu d'accuieil des pélerins de St Jacques . Dans'église , notamment, une coupole très impressionante.
A l'entrée , sur le tympan du proche , j'ai capturé ce détail: j'en aime le côté retour sur soi : attitude de l'oiseau, des oiseaux(je n'avais pas pensé au pélican , mais effectivement , cet oiseau rajoute encore un sens profond ) et le jeu des entrelacements autour ( les rencontres , les liens, la communication).

L'image du dernier message ( la cloche) elle, provient d'un lieu puissant : BRASSEMPOUY terre où a été découverte la célèbre représentation féminine du néolithique "la vénus de Brassempouy".

ah ah ah!!!! : j'aime bien cette image des grandes oreilles des big brothers :-)
Et c'est sûr , le net a ses limites ....
bises

Virgilou a dit…

Avant d'être trop arthrosé et après avoir un peu laché la bride professionnelle, je prévois ( si Dieu le veut) une marche sur St Jacques de Compostelle ( Patron des Alchimistes) ( Le Puy-St Jacques)la tête est prête pas encore les jambes.
Cordialement