vendredi 1 juillet 2011

La porte étroite


"Voilà le programme que je propose à chacun de vous. Jung nous a révélé, entre autre simplicités géniales, que le chemin de cette restauration se trouvait dans le fil que déroulent la nuit nos songes. Bien sûr, il y a là une entreprise hasardeuse et nous reviendrons tout à l'heure sur ses périls. Mais c'est le chemin, c'est la porte étroite, et la voie resserrée à laquelle cette porte donne accès. Une fois qu'on a consenti à l'emprunter, cette voie va s'élargissant progressivement jusqu'à devenir la voie de l'infini, la voie d'éternité ."

Etienne PERROT
extrait cahier13 1981

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,

Cette porte étroite évoquée par Étienne Perrot me fait songer à cette légende ouvrant le chapitre XX - Le faiseur de rêves, du livre né d'entretiens entre Fraser Boa et Marie Louise von Franz intitulé « La voie des rêves », édité par La Fontaine de Pierre.
« Selon la légende, quand les dieux créèrent la race
humaine, ils en vinrent à débattre du lieu où
déposer les réponses à la vie, afin que les hommes
doivent les rechercher.
L'un des dieux dit alors : « Mettons ces réponses
au sommet d'une montagne. Ils n'iront jamais les
rechercher là-haut. »
« Non », répondirent les autres, « ils les trouveront
immédiatement. »
Un autre dieu proposa : « Mettons-les au centre
de la terre. Ils ne les rechercheront jamais à cet
endroit. »
« Non », répondirent les autres, « ils les trouveront
immédiatement. »
Un autre dieu proposa ensuite : « Plaçons-les au
fond de la mer. Ils ne les rechercheront jamais à
cet endroit. »
« Non », répondirent les autres, « ils les trouveront
immédiatement. »
Le silence tomba...
Après un certain temps, un autre dieu prit la
parole : « Nous pourrions mettre les réponses aux
interrogations de la vie à l'intérieur même des hommes.
Ils ne les rechercheront jamais à cet endroit. »
Et c'est ce qu'ils firent. »

Le chemin de la restauration et la voie d’éternité semblent bien être le propos de M.L. von Franz lorsqu’elle dit, un peu plus loin dans même chapitre :
«..... En fait, chaque rêve établit une liaison essentielle entre notre moi conscient et notre centre intérieur. C'est une liaison durable. Toute personne qui a noté et observé ses propres rêves pendant des années garde à l'esprit une série de rêves dont il se dit intérieurement : « Je n’oublierai jamais ce rêve et ce qu’il a signifié pour moi. » On se sent à jamais relié à de tels rêves et, par leur intermédiaire, on se sent relié à son centre intérieur. »...... Dès que l'interprétation d'un rêve touche au but, fait mouche, comme on dit, elle se transforme alors en pain de vie. Chaque fois que nous comprenons correctement un rêve, nous nous sentons nourris. Nous ressentons, pour ainsi dire, la nourriture surnaturelle dont nous avons besoin intérieurement, qui provient de l'inconscient. Cette nourriture est très souvent représentée dans les rêves soit par le pain de vie, soit par l'eau de la vie, car, quand l'interprétation fait mouche, nous sommes vivifiés et nourris et nous ressentons une sorte de sentiment de joie et de satisfaction, comme à la suite d'un bon repas. Nous sentons alors : « C'est cela. Maintenant, je sais où je vais. Maintenant, je peux aller de l'avant. » Quelque chose en nous s'emplit de paix et de satisfaction. »

Amezeg

CPatricia a dit…

cher ami,
Grand merci pour ce texte riche.
La légende est magnifique , quelle subtilité!et quelle profonde connaissance de l'homme lui a donné le jour!
votre témoignage que l'on sent bien le fruit d'une véritable expérience apporte à ce blog, aux personnes qui le fréquentent et à en moi en premier lieu un vivifiant message, une belle énergie.

Anonyme a dit…

Merci beaucoup pour votre aimable et généreuse approbation. :-)
Je me réjouis toujours de découvrir ici la parole profonde et forte d’Étienne Perrot recueillie par vos soins dans les Cahiers de la Fontaine ou Cahiers de Gaie science et d’Alchimie.
Bravo pour les illustrations bien choisies qui accompagnent ces extraits !
Cette coupole de clair-obscur me semble particulièrement inspirée et inspirante : « Poussons la porte du regard. Ouvrons l’œil, et le bon, sur cette lumière gisant dans l’obscurité, semblable à l’or gisant dans sa minière. », me suggère-t-elle avec bonheur.

Bien amicalement
Amezeg

CPatricia a dit…

Ah la coupole ! Je l'ai admirée dans la magnifique cathédrale de Sienne. L'appareil quant à lui, a donné ce clair obscur très intéressant, mystérieux. J'aime la couronne d'invitation ...sous le signe de la candeur, le jeu , une certaine innocence .
MERCI,un plaisir de la partager!

Benoit Mouroux a dit…

Amezeg ou l'art des apports précieux.

Cet ouvrage de Von Franz est particulièrement intéressant...étonnant qu'il ait fallu tant de temps pour l'éditer.

Ce billet m'amène à l'esprit ces mots de Jung dans une correspondance:
"...ce qu'on appelle exploration de l'inconscient dévoile en fait et en vérité l'antique et intemporelle voie initiatique...rien ne disparaît définitivement, c'est l'effrayante découverte de tous ceux qui ont ouvert cette porte...une porte latérale toute banale, ouvre sur un sentier, d'abord anodin et facile à embrasser du regard -étroit et à peine marqué parce que bien peu seulement l'ont suivi - mais qui mène au secret de la métamoprhose et du renouveau."

Amitiés,
Jean

Ariaga a dit…

Voilà un lieu où les échanges sont riches de sens. Quel plaisir. Merci amie de nous offrir cette opportunité. Amitiés.