"Q. Une question tout à l'heure a été posée par Madame au sujet du contrôle des rêves. Je crois que c'est une chose que beaucoup d'entre nous ont eu l'occasion d'expérimenter. Pour ma part, ça m'arrive deux ou trois fois par an, c'est à dire qu'au cours d'un rêve je vois une chose illogique, une chose qui me choque à l'intérieur de mon rêve. Alors la mémoire qui me suit dans mon rêve me dit : "Je rêve, parce que ça, c'est illogique". Par exemple, dans une pièce chez moi où la cheminée est à droite, dans mon rêve je la vois à gauche. Je me dis : " C'est curieux", et je sais que je rêve parce que la cheminée est à droite. Je donne des coups à cet endroit; je me heurte au mur et ça me fait mal. Puis je conduis mon rêve et alors je regarde ce qui se passe, je constate les couleurs, j'observe que l'impression de réalité subsiste. On essaie de le prolonger, parce que c'est très amusant. Il arrive un moment , où malheureusement on se réveille.
E.P. Ma réponse à votre rêve , ce serait, Monsieur, que si vous rectifiez, si vous ramenez à la réalité concrète ce qui appartient au rêve, eh bien, vous êtes privé de la griserie de la nouveauté. On voit souvent dans les rêves un évènement qui se produit. Il est certainement important, nouveau, positif, constructif, mais " la mariée est trop belle" . Le rêveur se dit " C'est impossible , c'est un rêve!". Et il se réveille. Vous voyez ? C'est comme s'il avait voulu effacer ce qui est venu. Mais, s'il est bien accompagné, il apprendra à accepter cette nouveauté, et alors, il sera conduit vers l'imprévisible. Diriger le rêve, bon, c'est très bien. En fait, tout mon propos tend à vous montrer qu'il y a en nous une immensité et une nouveauté possibles. Cette immensité et cette nouveauté sont plus intelligentes et plus sages que nos pauvres consciences et nos pauvres raisons. Si nous voulons les contrôler, le résultat restera dans nos limites : nous échapperons à l'aventure. Certains préfèrent rester chez eux plutôt que de partir à la découverte et d'en connaître l'ivresse, c'est un choix, mais ce n'est pas le mien."
Etienne PERROT
extrait cahier 17, 1982
2 commentaires:
Se laisser porter par le rêve, le recevoir et le contempler. Je me sens encore plus que d'habitude en harmonie avec Etienne Perrot. Encore une fois merci de nous proposer ces textes si intéressants et, pour moi, inédits.
Entendre et réentendre, lire et relire, écrire et réécrire un message, LE message. Il y a donc la forme qui change ainsi que le contexte, et le fond vivace et vivant, nous atteint.
Tout les cahiers "Orange" sont devant moi , j'en prends un au hasard , je feuillette, pas longtemps.. et je saisis l'échantillon, j'extrais une parcelle qui me parle( parfois j'ouvre un second livre). Je tape le texte sur blogger , je vais dans ma collection d'images , je fais défiler , j'attends qu'une image s'impose , que quelque chose se passe entre le texte , l'image et moi . Pour vous ... et je vois aussi qu'il se passe quelque chose avec vous.
C'est bien :-)
Enregistrer un commentaire