jeudi 18 février 2010

La souffrance et la joie


" Seule la souffrance nous pousse, nous oblige à la remise en question. Elle nous "humanise" et nous rend simples, vrais, chaleureux. C'est le moment propice pour que l'imagination naisse : le besoin de communiquer tout ce qui se passe en nous, les doutes, les inquiétudes, les progrès, et les reculs, le froid et la chaleur, la tendresse ou la rage de la révolte, l'espoir ou le désespoir. Tout, tout se met en mouvement si nous laissons ce sentiment circuler librement : comme un fleuve tumultueux, comme le vent qui hurle ou le couteau qui déchire, d'abord. Mais peu à peu les eaux se calment, le vent s'apaise et la blessure se cicatrise. Et la musique intérieure coule sans obstacle, en toute liberté.

La joie, par contre, ne se pose pas de questions. Elle est là, elle se suffit à elle-même. Elle rit, elle s'exalte, elle s'épanouit et ronronne. Pourquoi se remettrait-elle en question? Non, non, surtout pas! Qu'elle demeure, qu'elle ne me quitte jamais !"

Etienne PERROT
extrait cahier 24, 1983

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