Ce matin, quelqu'un m'a appelé pour me confier un rêve reçu cette nuit.
Cette personne m'avait vu et entendu en rêve parler dans cette salle. Elle se faisait la réflexion que j'aurais dû mettre l'accent sur l'aspect des oppositions dans l'amour , en reprennant une image alchimique: " La chienne d'Arménie et le chien de Corascène se sont cruellement mordus"
L'amour est sanglant, l'amour implique des mises au point, ces rectifications auxquelles faisait allusion le rêve de l'aman. Capitulation certes, mais capitulation dans la mesure où cela m'est demandé : à d'autres moments, la révolte et la contestation s'imposent. D'épreuve en épreuve, de rectification en rectification, de purification en purification, nous serons conduits- si le ciel le veut- à l'amour pur, l'amour infini, symbole et expression de la vie totalement libérée.
Ce que cela peut avoir de schématique s'éclairera par une autre lecture que je vais vous faire. Vous voyez, ce soir mon propos aura été nourri par d'autres : je vous aurais livré des documents qui sont nés dans des dialogues que je poursuis, mais qui ne proviennent pas de cette main, de cette bouche. Voici quelques jours j'ai reçu une amie, qui ce soir-là était intérieurement nouée d'une façon imprévue. Le lendemain elle m'a adressée une lettre où elle m'exposait l'état dans lequel elle se trouvait. J'ai rarement rencontré, je dois le dire, une expression aussi fidèle de l'adhésion à ce qu'il y a d'obscur en nous pour qu'en naisse une lumière plus grande, une expression plus fidèle de ce qui peut paraître un refus, mais qui est vécu pour un don plus total :
" Cet état dans lequel vous m'avez vu, je le connais bien, je le vis souvent mais, d'habitude, je choisis d'être seule dans ces moments et alors je vais jusqu'au bout. Je me laisse envahir par la haine, je savoure à la fois mon venin et ma bave de crapaud, puis je projette sur le monde mes idées noire et tout ce fiel déforme un à un les êtres qui me sont chers, ils deviennent monstrueux et j'ai mal."
C'est le phénomène que Jung appelle la projection. Mais ce qui caractérise l'attitude de la rêveuse, c'est qu'elle en est consciente. Elle sait bien qu'elle vit une épreuve, elle y adhère. C'est pourquoi la projection n'opère pas de dégâts à l'extérieur et s'achemine vers une transformation.
" Puis toute une furie négative se retourne vers moi. Je récolte la tempête que mon vent de méchanceté avait semé. Alors, après un moment de combat, j'accepte de nêtre que ce paquet de haine vicieuse, cette épave sans âme et sans trésors, abandonnée par la mer, épave rejetée sur le rivage ou bloc massif tombé au fond. C'est en tout cas le point culminant de l'épreuve. C'est à ce moment précis que du fond de moi s'élève un chant. Une vague de chaleur monte, une douceur infinie. Voilà de la lumière. Ce n'est pas ma lumière, je le sais, c'est la lumière. C'est un moment de grand prodige.
Voilà la vie. Je sais bien alors qu'il ne s'agit pas de comprendre, mais d'accueillir. Ouvrir les bras, s'abandonner. Comme c'est facile quand c'est la vie qui vient , mais quand c'est la mort ?"
Ici je commenterai moi-même : Quand c'est la mort, c'est encore plus fécond, car c'est par cette mort que se prépare la vie plénière qui est justement au-delà de notre vie, que l'on accède à cette lumière qui est au-delà de ma lumière.
Cette personne m'avait vu et entendu en rêve parler dans cette salle. Elle se faisait la réflexion que j'aurais dû mettre l'accent sur l'aspect des oppositions dans l'amour , en reprennant une image alchimique: " La chienne d'Arménie et le chien de Corascène se sont cruellement mordus"
L'amour est sanglant, l'amour implique des mises au point, ces rectifications auxquelles faisait allusion le rêve de l'aman. Capitulation certes, mais capitulation dans la mesure où cela m'est demandé : à d'autres moments, la révolte et la contestation s'imposent. D'épreuve en épreuve, de rectification en rectification, de purification en purification, nous serons conduits- si le ciel le veut- à l'amour pur, l'amour infini, symbole et expression de la vie totalement libérée.
Ce que cela peut avoir de schématique s'éclairera par une autre lecture que je vais vous faire. Vous voyez, ce soir mon propos aura été nourri par d'autres : je vous aurais livré des documents qui sont nés dans des dialogues que je poursuis, mais qui ne proviennent pas de cette main, de cette bouche. Voici quelques jours j'ai reçu une amie, qui ce soir-là était intérieurement nouée d'une façon imprévue. Le lendemain elle m'a adressée une lettre où elle m'exposait l'état dans lequel elle se trouvait. J'ai rarement rencontré, je dois le dire, une expression aussi fidèle de l'adhésion à ce qu'il y a d'obscur en nous pour qu'en naisse une lumière plus grande, une expression plus fidèle de ce qui peut paraître un refus, mais qui est vécu pour un don plus total :
" Cet état dans lequel vous m'avez vu, je le connais bien, je le vis souvent mais, d'habitude, je choisis d'être seule dans ces moments et alors je vais jusqu'au bout. Je me laisse envahir par la haine, je savoure à la fois mon venin et ma bave de crapaud, puis je projette sur le monde mes idées noire et tout ce fiel déforme un à un les êtres qui me sont chers, ils deviennent monstrueux et j'ai mal."
C'est le phénomène que Jung appelle la projection. Mais ce qui caractérise l'attitude de la rêveuse, c'est qu'elle en est consciente. Elle sait bien qu'elle vit une épreuve, elle y adhère. C'est pourquoi la projection n'opère pas de dégâts à l'extérieur et s'achemine vers une transformation.
" Puis toute une furie négative se retourne vers moi. Je récolte la tempête que mon vent de méchanceté avait semé. Alors, après un moment de combat, j'accepte de nêtre que ce paquet de haine vicieuse, cette épave sans âme et sans trésors, abandonnée par la mer, épave rejetée sur le rivage ou bloc massif tombé au fond. C'est en tout cas le point culminant de l'épreuve. C'est à ce moment précis que du fond de moi s'élève un chant. Une vague de chaleur monte, une douceur infinie. Voilà de la lumière. Ce n'est pas ma lumière, je le sais, c'est la lumière. C'est un moment de grand prodige.
Voilà la vie. Je sais bien alors qu'il ne s'agit pas de comprendre, mais d'accueillir. Ouvrir les bras, s'abandonner. Comme c'est facile quand c'est la vie qui vient , mais quand c'est la mort ?"
Ici je commenterai moi-même : Quand c'est la mort, c'est encore plus fécond, car c'est par cette mort que se prépare la vie plénière qui est justement au-delà de notre vie, que l'on accède à cette lumière qui est au-delà de ma lumière.
On peut relever ici un parallèle précis que fournit le Yi King. C'est le dernier oracle de l'hexagramme 38, l'opposition." Isolé par l'opposition, on voit son compagnon comme un porc recouvert de boue, comme un char rempli de démons. D'abord on tend son arc contre lui, puis on dépose son arc. Ce n'est pas un brigand, il fera sa demande en son temps. Tandis qu'on marche, la pluie tombe et la fortune vient."
Etienne PERROT
extrait cahier 21, 1983
Etienne PERROT
extrait cahier 21, 1983
2 commentaires:
Difficile et douloureux ce travail de l'intégration de nos enfers personnels. Surtout la première fois quand on ne sais pas ce qui passe.
Ensuite on sait que probablement comme une mauvaise migraine, ça passera et que si ça passe on en ressortira un peu plus "vivant".
Si cette notion était plus connue, je crois que non seulement on éviterait beaucoup de suicides, ou de fuites dans la démence, mais il y aurait sacrément plus d'adultes dans ce monde.
Conclusion au lieu de m'amuser, je ferais mieux de diffuser aussi sur mon blog et de relayer la chaîne :-)
Je j'embrasse
S cette notion était plus connue .....effectivement .... mais rien n'existe dans notre monde occidental moderne visant à encourager ce type d'expérience. Dans les structures qui accompagnent la croissance de l'être humain: école, religion, on ne le trouve pas .
Reste donc les circuits secrêts , la transmission d'être à être , le témoignage écrit et oral, l'Art.
Aimant l'autre , on ne peut qu'avoir envie de transmettre les choses qui nous semblent capitales .lE FAIRE.
Trouver la forme( nous avons tous notre propre savoir faire qui attend).
Faire confiance.
Relayer la chaîne comme tu dis :-)
Je t'embrasse.
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