"Q : Dans la perspective de Jung, il y a l'intégration du sexe opposé.
EP :C'est vrai : la réalisation de l'androgyne. Tout cela est simple en théorie, c'est très subtil quand il faut le vivre dans la pratique. Un magnifique songe d'androgynat n'empêchera pas que l'on entre ensuite dans les tribulations de l'amour. Il faut toujours se rappeler que la réalisation intérieure se fait à un certain niveau et qu'elle laisse le jeu de la vie individuelle suivre son cours.
Le sage qui aura découvert l'aliment éternel n'en continuera pas moins à prendre son café au lait tous les matins et à avoir faim à midi. S'il peut jeûner comme Thérèse Neumann ou quelques autres, ce ne sera pas forcément à mes yeux un facteur de canonisation. Ce sont là des anomalies qui ont certes, une signification, un sens, mais qui ne peuvent être tenues comme exemplaires. S'il y a un modèle traditionnel du destin auquel nous aspirons, c'est celui du sage taoiste qui, à la fin de son itinéraire, vend des légumes au marché.
Bien sûr, il lui arrive de provoquer des choses heureuses : les arbres fleurissent sur son chemin( ce sont des synchronicités), mais c'est un homme ordinaire. D'une façon moins pittoresque et "plus spirituelle", c'est la situation du bodhisattva bouddhique qui, une fois parvenu au nirvana, c'est à dire passé, à un certain niveau de lui-même, à l'extinction du désir, revient vers l'humanité, et assume à nouveau les passions et les infirmités humaines pour pouvoir mieux aider ses frères et les conduire à la libération. Nous aspirons à une humanité vraie, à une humanité totale, et pas à un retranchement de l'humanité.
Je suis un homme. Comme dirait Marie-Louise Von Franz, la culture de l'anima affine chez l'homme une certaine sensibilité, une certaine intuition, le rend sans doute différent dans les relations avec le sexe opposé, et il en est de même, réciproquement , pour la femme, grâce à la culture de l'animus, de l'homme intérieur.
Mais l'homme reste homme et la femme reste femme, même si l'un et l'autre ont des rêves d'androgynat, et si cette réalisation intérieure leur permet de résoudre de façon imprévue, à un moment donné, les tensions dans lesquelles ils sont entrés dans la relation avec l'autre sexe."
Etienne PERROT
extrait cahier 14, 1981
2 commentaires:
N'est-ce pas cette différence irréductible qui donne toute sa saveur aux relations hommes/femmes ? Y compris parfois dans l'amer.
En faisant une recherche sur "les sept sermons aux morts" j'ai trouvé cet article : http://www.cgjungfrance.com/article153.html
qui m'apprend 1) que je dois me ranger dans le rang des concubines (Ca, ça m'a plutôt amusée)
2) Nettement moins drôle, l'étrange façon dont un analyste "réputé" considère les femmes et leurs animus.
Et là je commence à me demander si + de 20 ans après les choses ont tellement changées. Parce que je me souviens de remarques très déplaisantes de G. Corneau sur le "rôle" de la femme.
Autrement dit, il semble que nous ayons encore un travail énorme à faire pour que les femmes soient acceptées comme des êtres complets, partenaires et non rivales des hommes.
Merci et à bientôt
"Nous éprouvons toutes un ardent désir, une nostalgie du sauvage. Dans notre cadre culturel, il existe peu d'antidote autorisés à cette brûlante aspiration. On nous a appris à en avoir honte. Nous avons laissé pousser nos cheveux et nous en sommes servies pour dissimuler nos sentiments, mais l'ombre de la femme sauvage se profile toujours derrière nous, au long de nos jours et de nos nuits. Où que nous soyons, indéniablement , l'ombre qui trotte derrière nous marche à quatre pattes"
Clarissa PINKOLA ESTES
"femmes qui courent avec les loups".
Je me tourne toujours vers Marie-Louise VON FRANZ( la femme dans les contes de fées) , ESTHER HARDING( les mystères de la femme).
"Et...règles générales de vie selon le loup
1.Manger
2.Se reposer.
3.Rôder, entre-temps
4.faire preuve de loyauté
5.Aimer les enfants
6.Faire des cabrioles au clair de lune
7.Accorder ses oreilles
8.S'occuper des os
9.Faire l'amour
10.Hurler souvent"
Dans "femmes qui courent avec les loups" C.Pinkola Estès
AH !! le mot concubine que ce soit dans la langue des oiseaux ou dans son éthymologie (Etymologie : Provenç. espagn. et ital. concubina ; du latin concubina, de cum, et cubare, coucher (voy. ).........
J'ai lu deux ouvrages de Guy CORNEAU , mais ça fait bien longtemps et je n'ai pas de souvenirs semblables aux tiens.
Quand à la notion de "réputation" d'emblée je m'en méfie....:-)
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