vendredi 27 juin 2008

L'ESSENCE DE L'ALCHIMIE


P.G. Mais l'alchimie n'est plus ce qu'elle était.

E.P. Si, c'est seulement que, aujourd'hui, l'essence de l'alchimie peut-être révélée. Ce qui était présenté de façon obscure dans les grimoires et dont les auteurs ne savaient pas exactement toujours ce que cela signifiait, s'éclaire maintenant. J'ai cherché dans l'alchimie la voie occidentale de réalisation, après avoir fait le voyage d'Orient, comme beaucoup, pendant 15 ans. Je me suis dit : " il y a quelque chose en occident et c'est l'alchimie." Je ne savais pas du tout ce que c'était.

Et un jour, par hasard, je suis tombé sur un livre en anglais d'un psychologue, C.G.Jung, qui était ,dans la traduction anglaise, Psychology and Alchemy. Ce livre a décidé de ma vie. Je me suis dit : "ça y est, c'est extraordinaire, un psychanalyste connu a retrouvé le secret des anciens adeptes." Cela me paraissait incroyable, j'ai mis cinq ans, six ans peut-être à me persuader que l'incroyable était vrai. Le dernier voile est tombé quand j'ai lu l'autobiographie de Jung, qui est le récit d'une recherche déterminé par les rêves. il a été propulsé par les rêves vers l'alchimie. Et là, il a réalisé que ce qu'il cherchait était décrit dans les anciens grimoires sous des noms divers : la pierre philosophale, le soleil terrestre, le petit dieu, le dieu terrestre, l'homme total, etc...

A partir du moment où je suis entré là-dedans, les rêves sont venus en moi aussi, j'ai eu des rêves alchimiques. Et puis un beau jour, j'ai été obligé de faire passer à l'extérieur ce qui m'habitait, et dont j'étais en train de crever. Je suis devenu le traducteur de Jung....

Etienne PERROT
extrait cahier 24, 1983

lundi 23 juin 2008

Servir les autres ...


J.C.Servir les autres ?


E.P. Servir les autres dans la mesure où c'est nécessité de l'intérieur, du centre, là servir les autres, c'est la vie. Parce que je peux également me sentir pris par une mission humanitaire et partir à la conversion des autres. Mais qui désire ? Est-ce que c'est le moi, où est-ce que c'est le dieu en moi ? Débat difficile, il faut scruter attentivement les choses. Je peux décider de ne rien faire et la voix intérieure, le centre peut me dire que c'est la meilleure manière de servir l'humanité .
Etienne PERROT
extrait cahier 23, 1983

dimanche 15 juin 2008

UN DESTIN ......


" J.C. Il y a quelque chose de plus important que tout cela : peut-on passer à côté d' un destin ?

E.P. On peut éluder un destin , je crois. Mais alors vous savez ce qui se passe ? C'est que le destin vous rattrape par derrière. On voit des êtres qui meurent d'avoir refusé un destin. Et peut-être cela recommencera dans une autre vie. Vous savez, je ne "crois" pas à la métampsychose, je crois à rien du tout , mais je vois dans les rêves venir des images qui traitent des phénomènes de ce genre. Il y a une continuité d'existence au-delà des individus.

J.C. Vous pensez que les choses sont écrites

E.P. Quelque part , oui. Naturellement c'est écrit, mais dans un sens extrèmement subtil. la liberté existe et le destin existe. si nous disons : "On peut refuser un destin", ça , c'est la liberté. Mais je crois que la vraie liberté, c'est d'épouser le destin. Et à ce moment là on est libre. Pourquoi ? Là , je vous demande un effort d'attention : je vais m'élever vers les sommets. Qu'est-ce que le destin ? C'est la volonté du Tout. Si j'efface ma propre volonté et si j'épouse la volonté du Tout, je deviens totalement nécessité, totalement dépendant. Mais le Tout n'est limité que par lui-même ; donc il est libre, donc j'épouse la liberté, donc je suis libre. La libération, c'est d'épouser le destin ! Les anciens disaient _ vous avez cela gravé, je crois sur la façade de l'hôtel de Cluny _ : "Servir Dieu c'est la liberté." ( servire Deo libertas). Si vous remplacez Dieu par la vie ou le destin , c'est la même chose ."
Etienne PERROT
extrait cahier 23, 1983

jeudi 5 juin 2008

NOUS FAISONS CONFIANCE


E.P. : On nous dit dans les milieux psychologiques que nous donnons trop d'importance à l'aspect religieux, "mystique"( c'est le mot terrible !). Quand vous avez dit "mystique", vous avez accablé Jung ! Jung est un fils de pasteur. Il a vu son père mourir de ce qu'il avait perdu la foi. Il était dans sa chambre de jeune homme et entendait son père de l'autre côté de la cloison qui invoquait son Dieu en lui demandant de se révéler à lui. Jung était bouleversé. Ca n'empêchait sans doute pas le père d'aller faire le sermon le dimanche au temple, sermon auquel il ne croyait pas. Jung lui a voulu autre faire autre chose, on peut dire qu'il a retrouvé une foi, il a retrouvé tous les grands symboles. Il a déclaré à l'un de ses interlocuteurs : " Au fond, je suis venu pour rappeler aux chrétiens ce qu'est la rédemption, ce qu'est la résurrection". En dehors de tout contexte dogmatique naturellement : c'est dans l'âme !

Je vous ai parlé tout à l'heure d'entrer dans l'aventure. C'est cela la résurrection : c'est à la fois la mort, puisqu'on meurt au monde antérieur, on accepte l'immolation et on s'en remet à la vie qui, peut-être , est divine si on veut y mettre cette épithète. Et c'est une résurrection parce qu'on fait confiance à la vie pour qu'elle vous transporte ailleurs. C'est ce que dit Jung : on parle du saint -esprit, mais au fond on a peur de s'exposer au vent du saint-esprit, parce qu'on ne sait pas très bien où il conduira.

Nous faisons confiance à ce que nous appelons l'inconscient. C'est un mot-piège, ça permet de faire passer les choses les plus énormes, c'est ce que les anglais appellent l'understatement. Tout le vocabulaire de Jung est de cette sorte. "L'inconscient collectif" qu'est-ce que c'est ? C'est le monde entier du symbole, le monde entier de l'art, le monde entier de l'imagerie religieuse, les imaginations vivantes du symbolisme religieux avec leur puissance de transformation, d'illumination et d'apaisement. nous acceptons de nous exposer à un bain "d'inconscient" , en sachant que c'est quelque chose de vivant, une vie qui est peut-être éternelle.

L'étiquette dogmatique qu'on nous appliquera n'a pas d'importance; l'entreprise nous permet de vivre, c'est l'essentiel. Tandis qu' à partir du moment où on se cramponne, tout se fige...
Etienne PERROT
extrait cahier 18 , 1982

dimanche 1 juin 2008

LA PEUR ....

numéro spécial mai/juin/juillet 2008!
....."La peur est une sensibilité qui se défend" ..... entre autre dans cet amas d'insultes, de raccourcis, matérialisme, rationnalisme......

Q. Est-ce que la place que vous donnez au rêve n'est pas exagérée ?

E.P. Le rêve n'est pas une fin, c'est un moyen. De toute manière, le maître, quel qu'il soit, n'est pas une fin, c'est un moyen. La fin, c'est l'épanouissement de l'individu, la libération de l'individu, c'est la libération du dieu dans l'individu. Il n'y a pas d'autre réalité que cette réalité. Et le rêve, c'est l'organe privilégié de ce maître, lorsqu'il veut établir son règne en nous, pour parler ce langage traditionnel.

Q. Il doit être très difficile de comprendre ce langage : on a besoin de quelqu'un pour l'interpréter.

E.P. Oui, Madame, c'est ça le problème. C'est pour cela que nous sommes là ( rires) Nous sommes au début de quelque chose. Cette voie des rêves, mille signes l'attestent, est en train de s'élargir et de s'ouvrir dans un nombre d'êtres de plus en plus grand. Nulle part vous ne pouvez parler des rêves sans susciter de l'intérêt , ou de la résistance, ce qui revient au même, parce que la peur est une sensibilité qui se défend. Il y a cela et puis aussi le fait qu'il y a peu d'interprètes de rêves, les représentants des écoles traitant de l'inconscient ont peur, dans la plupart des cas, de l'intensité du rêve, des implications du rêve et de la grandeur du développement auquel il mène.

Vous l'avez perçu dans mes propos de ce soir et je viens de le redire de la façon la plus claire ; il s'agit d'une réalisation qui dépasse les limites de l'individu rationnel . Il s'agit de bien autre chose que de la solution de mes problèmes, si importants soient-ils. Il s'agit du dépassement de ces problèmes en moi pour l'établissement d'une paix et d'une conscience qui excédent les limites de cet individu. Ce vers quoi cette voie des rêves nous conduit, c'est ce que nous promettent les écoles de yoga, c'est "la libération", en laissant de côté pour l'instant l'analyse de ce que ce mot recouvre. C'est une voie au sens religieux , car elle entend relier l'être à sa source profonde, sacrée, qui est ce que les enseignements religieux appelaient " l'essence divine de l'être"; cela dans notre climat actuel, il y a peu de praticiens pour en convenir. Un grand enseignement comme celui de JUNG est réduit , dans la plupart des cas, chez ceux qui se disent ses disciples. ça , j'en témoigne, non pas glorieusement , mais très douloureusement ..."

Etienne PERROT
extrait cahier 18, 1982